La thérapie des schémas (selon Young)

Les schémas de Young se définissent comme

  • un thème récurent
  • un ensemble de souvenirs, d’émotions, de pensées et de sensations corporelles souvent intenses
  • une croyance fondamentale sur soi ou sur autrui amenant la personne à réagir de manière automatique et stéréotypée et à anticiper de manière rigide les comportements d’autrui
  • une réponse face à un besoin psychologique affectif et émotionnel non comblé durant l’enfance ou l’adolescence
  • une répétition à l’âge adulte d’expériences négatives qui alimentent le schéma
  • un dysfonctionnement significatif dans la sphère sociale, professionnelle ou familiale
  • des fonctionnements positifs ou négatifs adaptés ou inadaptés

Si ces schémas ont pu être bénéfiques et protecteurs durant l’enfance c’est surtout lorsqu’ils persistent à l’age adulte qu’ils peuvent entraver notre bien-être et devenir un obstacle à notre épanouissement. En effet, ils biaisent notre réalité, notre perception et nous amène à revivre les mêmes expériences émotionnelles que dans le passé même si les circonstances sont complètement différentes. En d’autres termes ils nous amènent inconsciemment à observer et à percevoir la réalité par le prisme de nos croyances et de nos perceptons infantiles même si celles-ci sont devenues obsolètes et erronées à l’âge adulte donc inadaptées face au contexte actuel.

En résumé les schémas nous amènent à vivre et à agir sous l’influence de nos blessures infantiles. Ils filtrent notre réalité pour perpétuer inlassablement les mêmes situations qui nous ont fait souffrir et nous donnent la sensation de ne pas pouvoir y échapper.

Ces schémas peuvent continuer d’agir et de s’activer à l’âge adulte quand nous sommes confrontés à des situations auxquelles nous sommes plus sensibles.  Ils agissent comme des automatismes et nous amènent à mettre en place inconsciemment et instinctivement des modes de fonctionnement inadaptés et dysfonctionnels. Même s’ils cherchent à nous protéger ils ont finalement plus tendance à nous autosaboter, à nous mettre en échec ou à faire perdurer nos souffrances.

Ils peuvent nous empêcher

  • d’avoir un rapport sain avec nous-mêmes,
  • d nous épanouir sur le plan relationnel, familial et professionnel
  • de nous rapprocher de nos besoins, envies et d’atteindre nos objectifs
  • de sortit de notre zone de confort pour vivre des expériences positives

Ces schémas sont regroupés en cinq grands domaines :

 A- Domaine de séparation et de rejet :

La certitude que ses besoins de sécurité, de stabilité, d’affection, d’empathie, de compréhension, d’approbation et de respect ne seront pas satisfaits. Cette certitude a une origine familiale typique : il s’agit de familles où règnent un climat de séparation, avec explosion, changement, rejet, punitions. Les parents sont stricts, froids ou bien maltraitent l’enfant.

1– Abandon/instabilité

Le manque de stabilité ou de fiabilité, perçu, de ceux qui offrent soutien et sens de l’appartenance à un groupe. Il s’accompagne du sentiment que les personnes « importantes » ne continueront pas à donner appui, force ou protection parce qu’elles sont émotionnellement instables et changeantes (explosions de colère), peu fiables, ou ne sont pas toujours présentes; parce qu’elles mourront bientôt ou parce qu’elles abandonneront le patient pour quelqu’un de « mieux  » que lui.

2- Méfiance/abus

Le patient s’attend à ce que les autres le fassent souffrir, le maltraitent, l’humilient, mentent, trichent et profitent de lui. En général la souffrance infligée est perçue comme intentionnelle ou résultant de négligence extrême et injustifiable. Ceci peut aussi inclure le sentiment d’être constamment défavorisé par rapport aux autres ou de toujours  » tirer la courte paille « .

3- Manque affectif

Le patient a la certitude que les autres ne donneront pas le soutient affectif dont il a besoin. On peut distinguer trois catégories principales : Manque d’apports affectifs : absence d’attention, d’affection, de chaleur, ou d’une présence amicale.- Manque d’empathie : absence de quelqu’un compréhensif qui vous écoute et de quelqu’un à qui parler de soi-même. – Manque de protection : absence de quelqu’un fort qui guide et conseille.

4- Imperfection/honte

Le patient se juge imparfait,  » mauvais « , inférieur ou incapable. Le révéler entraînerait la perte de l’affection des autres. Ceci peut inclure : l’hypersensibilité aux critiques, à l’abandon et au blâme. Il peut exister une gêne, avec des comparaisons avec les autres et un manque de confiance en soi. Le patient peut ressentir la honte des imperfections perçues, celles-ci peuvent être internes (par exemple : égoïsme, colère, désirs sexuels inacceptables) ou externes (par exemple : défaut physique, gêne sociale).

5- Isolement/aliénation

Le sentiment d’être isolé, coupé du reste du monde, différent des autres et/ou de ne faire partie d’aucun groupe ou communauté.

B – Domaine de manque de limites:

Les exigences vis-à-vis de soi-même et du monde externe ne correspondent pas à la capacité (perçue) de survivre, d’agir indépendamment et d’arriver à une réussite suffisante. Ceci peut être lié à une origine familiale typique : famille  » étouffante  » où l’enfant est surprotégé, la confiance en soi est sapée et les relations en dehors de la famille ne sont pas encouragées : il en résulte un déficit d’apprentissage des compétences sociales.

1 – Dépendance/incompétence
Croire à sa propre incapacité de faire face seul aux responsabilités journalières (par exemple, prendre soin de soi-même, résoudre les problèmes de tous les jours, faire preuve de bon sens, aborder de nouvelles tâches, prendre des décisions).

2 – Peur du danger ou de la maladie :
Peur exagérée d’une catastrophe que l’on ne pourra pas éviter. Ces craintes se portent sur une ou plusieurs possibilités: – Santé : crise cardiaque, sida – Émotions : par exemple perde la raison – Catastrophe naturelle ou phobie : ascenseurs, crime, avions, tremblement de terre.

3 – Fusionnement/personnalité atrophiée
Attachement émotionnel excessif à une ou plusieurs personnes, souvent les parents, au détriment d’une adaptation sociale normale. Très souvent, croyance qu’au moins l’un des individus ne peut pas survivre à l’autre, ou être heureux sans lui. Peut avoir le sentiment d’être étouffé par les autres, ou doute de lui-même, de sa propre identité. Sentiment d’être vide, sans but; ou, dans des cas extrêmes, questionne sa propre existence.

– Échec
Croyance que l’on a échoué, que l’on échouera, que l’on est incapable de réussir aussi bien que les autres (études, carrière, sports, etc.). Souvent, le patient se juge stupide, inepte, sans talent, ignorant, inférieur aux autres, etc.

C- Domaine de manque de limites:

Il peut s’agir de manque de limites internes, de manque de responsabilité envers les autres, ou de l’incapacité à soutenir des buts à long terme. Ceci peut mener à des problèmes concernant les droits des autres, ou concernant ses propres objectifs. L’origine familiale typique est à rechercher du côté de parents faibles, trop indulgents, qui ne peuvent faire appliquer la discipline. L’enfant n’est pas encouragé à prendre des responsabilités, à tolérer un certain manque de confort, ou n’est pas suffisamment surveillé et guidé.

1- Droits personnels exagérés/Grandeur
Ceci correspond au besoin de faire, ou d’obtenir, exactement ce que l’on veut sans considérer ce qu’il en coûte aux autres; ou à une tendance excessive à affirmer sa force, son point de vue et à contrôler les autres à son propre avantage sans considérer leur désir d’autonomie. Le sujet est caractérisé par des exigences excessives et un manque général d’empathie.

2- Contrôle de soi/Autodiscipline insuffisant
Le problème central est l’incapacité ou le refus de contrôle de soi. Le patient ne peut supporter d’être frustré dans ses désirs et est incapable de modérer l’expression de ses émotions et impulsions. Sous une forme atténuée: le patient essaie à tout prix d’éviter ce qui est pénible tels que les conflits, les confrontations, les responsabilités et l’effort, au détriment d’un sens de la satisfaction personnelle ou de son intégrité.

D- Domaine d’orientation vers les autres:

Ils correspondent globalement à une importance excessive attachée aux besoins, désirs, réactions des autres, aux dépens de ses propres besoins afin d’obtenir leur affection ou leur approbation, par peur d’être abandonné ou pour éviter les représailles. Fréquemment, il existe une colère refoulée dont le patient n’est pas conscient. Il n’a pas un accès conscient, manque à ses propres sentiments et tendances. L’origine familiale de ce schéma doit être recherchée du côté d’une affection qui relève du conditionnel : pour se sentir aimé de ses parents, pour obtenir leur approbation, l’enfant réprime ses tendances naturelles. Les besoins des parents (affectifs, sociaux, leur style de vie) passent avant les besoins et réactions de l’enfant.

1- Assujettissement
Le comportement, l’expression des émotions, les décisions, sont totalement soumis aux autres parce ce qu’on se sent forcé d’agir ainsi, en général pour éviter colère, représailles ou abandon. Selon le patient, ses propres désirs, opinions et sentiments ne comptent pas pour les autres. En général, il montre une docilité excessive mais réagit vivement s’il se sent pris au piège. Il existe presque toujours, une colère refoulée contre ceux à qui il se soumet, provoquant des troubles de personnalité (par exemple : comportement passif/agressif, explosion de colère, symptômes psychosomatiques, troubles affectifs, drogues).

2- Abnégation
Un souci exagéré de toujours considérer les autres avant soi-même; cette considération est volontaire. Les raisons sont en général : peur de faire de la peine aux autres; pour éviter de se sentir coupable d’égoïsme; ou pour maintenir un contact perçu comme nécessaire aux autres. Mène souvent à une hypersensibilité aux souffrances des autres. Le patient peut éprouver le sentiment que ses propres besoins ne sont jamais satisfaits, d’où un ressentiment envers les autres.

3- Recherche d’approbation et de reconnaissance
Le problème central est un besoin excessif de l’attention, de l’estime et de l’approbation des autres; ou faire ce que les autres demandent, que cela corresponde ou non à ce que l’on veut de soi-même. L’estime de soi est formée à partir des réactions des autres et non à partir d’opinions et de valeurs personnelles. Parfois, une importance exagérée est accordée au style de vie, aux apparences, à l’argent, à la concurrence ou à la réussite – être le meilleur, le plus populaire – afin d’obtenir estime ou approbation. Fréquemment, les choix importants de la vie sont faits sans rapport avec le sujet; ou sont des choix qui n’apporteront pas de satisfaction; hypersensibilité au rejet; ou envie de ceux qui ont mieux réussi.

E- Domaine de survigilance et inhibition

Le problème principal est le contrôle exagéré des réactions, des sentiments et des choix pour éviter les erreurs ou pour maintenir des règles personnelles rigides dans sa conduite et dans sa performance, souvent aux dépens d’autres aspects de la vie: plaisirs, loisirs, amis; ou au détriment de sa santé. Origine familiale typique : sans joie; travail, devoir, perfectionnisme, obéissance, éviter les erreurs, sont des considérations beaucoup plus importantes que bonheur, joie, détente. Souvent, pessimisme et anxiété sont apparents : tout pourrait se désagréger si l’on ne se montre pas toujours vigilant.

1- Négativité\Pessimisme
Est au premier plan la crainte exagérée que, dans des contextes divers (travail, situation pécuniaire, relations interpersonnelles), tout va tourner au pire; ou bien on retrouve une prise en considération fréquente et persistante de tous les aspects négatifs de la vie : souffrance, mort, conflit, culpabilité, ressentiment, problèmes non résolus, erreurs possibles, etc., qui s’accompagne d’une minimisation ou d’un déni des aspects positifs et optimistes. Souvent, il existe une peur exagérée de commettre des erreurs et la crainte de leurs conséquences : ruine, humiliation, situation intolérable. Ces patients sont fréquemment anxieux, pessimistes, mécontents, et souvent indécis.

2- Surcontrôle émotionnel
Le contrôle excessif des réactions spontanées (actions, sentiments, paroles) est là généralement pour éviter les erreurs, la désapprobation d’autrui, les catastrophes, le chaos ou par peur de ne pouvoir maîtriser ses impulsions. On peut distinguer :- La répression de la colère et de l’agressivité. – Le besoin compulsif d’ordre et de précision. – La répression d’impulsions positives (joie, affection, excitation sexuelle, jeux). – L’adhérence excessive à la routine et au rituel. – La difficulté à reconnaître ses propres faiblesses, ou à exprimer facilement ses propres sentiments ou besoins. Souvent ces attitudes sont appliquées aux proches.

3- Idéaux exigeants \ critique excessive
La conviction que l’on doit s’efforcer d’atteindre et de maintenir un niveau de perfection dans son comportement ou sa performance représente un idéal destiné à éviter les critiques. Ces exigences amènent à une tension constante; s’arrêter dans ses efforts ou se détendre devient impossible. Une critique constante de soi-même et des autres est effectuée. Par conséquent le patient souffre des déficits de plaisirs, détente, santé, estime de soi, satisfaction personnelle et relations interpersonnelles. On peut distinguer – Le perfectionnisme, importance excessive attachée aux détails et sous-estimation de sa propre performance. – Des règles rigides; l’importance du devoir. Ces règles s’appliquent à de nombreux aspects de la vie : morale, culture, religion. – Préoccupation constante de temps et d’efficacité : toujours faire plus et mieux.

4- Punition
La tendance à se montrer intolérant, très critique, impatient et à  » punir  » les autres, et soi-même, s’ils n’atteignent pas le niveau de perfection que l’on exige. Ceci entraîne : la difficulté à pardonner les erreurs ou les imperfections – en soi ou chez les autres – l’incapacité de considérer les circonstances atténuantes; et un manque d’empathie, de flexibilité, ou l’incapacité d’admettre un autre point de vue.

Les schémas précoces inadaptés (SPI)

La thérapie centrée sur les schémas suppose que lorsque nos besoins fondamentaux de l’enfance (tels que les besoins de sécurité, d’acceptation et d’amour) ne sont pas satisfaits de manière adéquate, nous développons des façons malsaines d’interpréter et d’interagir avec le monde, ce que l’on appelle des schémas précoces inadaptés.

Lorsque les besoins émotionnels – les besoins fondamentaux d’affection, d’orientation, d’amour, d’abri et de sécurité – ne sont pas satisfaits dans l’enfance, les individus peuvent entrer dans l’âge adulte avec des déficits dans leurs capacités à trouver des moyens de répondre à ces besoins, de manière indépendante et par le biais de relations saines avec les autres .

Ces schémas inadaptés, qui peuvent être décrits comme des façons dont les individus interprètent les événements de la vie et le comportement des autres, peuvent plus tard perturber la vie : les individus peuvent faire des choix malsains, nouer des relations toxiques, manquer de compétences sociales pleinement développées, adopter des comportements destructeurs, avoir un mauvais sens du jugement et éprouver des sentiments d’ inutilité ou de doute de soi.

L’identification et la modification des schémas inadaptés sont au cœur de la thérapie des schémas. Découvrir les origines de ses besoins émotionnels non satisfaits et apprendre à construire des relations enrichissantes grâce à la thérapie des schémas peut aider les gens à commencer à développer des sentiments d’estime et de confiance en soi et de réduire l’anxiété.

Les schémas soient déclenchés lorsque des événements se produisant dans notre vie actuelle ressemblant à ceux de notre passé qui étaient liés à la formation du schéma. Si nous avons développé des schémas malsains à cause d’expériences difficiles dans notre enfance, nous aurons recours à des modes de pensée et de comportement malsains en réponse à cette nouvelle situation.

L’un des facteurs les plus importants dans le développement des schémas est que vos besoins émotionnels fondamentaux ne sont pas été satisfaits en tant qu’enfant.

Ces besoins essentiels comprennent :

  • un sentiment de sécurité et d’être solidement attaché aux autres
  • un sentiment d’identité et d’autonomie
  • la liberté d’exprimer ce que vous ressentez et de demander ce dont vous avez besoin aux autres
  • la capacité de jouer et d’être spontané
  • des limites sûres et adaptées à l’âge

De plus, quatre types d’expériences négatives peuvent également contribuer au développement de schémas précoces inadaptés.

  • Besoins non satisfaits. Cela peut se produire lorsque vous ne recevez pas d’affection de la part des soignants ou que vous ne parvenez pas à répondre à d’autres besoins émotionnels fondamentaux.
  • Traumatisation ou victimisation. Il s’agit d’une situation dans laquelle vous avez été victime d’abus, de traumatisme ou d’une détresse similaire.
  • Trop d’indulgence ou manque de limites. Dans cette situation, vos parents ont peut-être été surprotecteurs ou trop impliqués. Ils ne vous ont peut-être pas fixé de limites appropriées.
  • Identification sélective et intériorisation. Cela fait référence à la façon dont vous absorbez certaines des attitudes ou des comportements de vos parents. Vous pourriez vous identifier à certains d’entre eux et en intérioriser d’autres. Certains peuvent se développer en schémas, tandis que d’autres se développent en modes, également appelés méthodes d’adaptation.

Les modes d’adaptation

Le mode est un état d’esprit temporaire qui inclut à la fois votre état émotionnel actuel et la façon dont vous le gérez. En d’autres termes, votre mode est une combinaison de schémas actifs et de styles d’adaptation. Les modes peuvent être utiles (adaptatifs) ou inutiles (mal adaptés). Les modes de schéma nous aident à regrouper les schémas afin qu’ils puissent les aborder comme un seul état d’esprit, plutôt que comme des traits individuels.

Les modes de schémas sont divisés en quatre catégories :

Les modes enfants

Ils sont caractérisés par des sentiments et des comportements enfantins : le concept du monde enfant fait reference à notre etat emotionnel instantané et à la manière dont nous le gérons lorsqu’une situation réactive notre schéma. C’est comme un puit d’émotions qui se réveille en nous , rappelant les blessures et les carences de notre enfance où nos besoins étaient ignorés.lotrsque ce type de mode se déclanche nous pouvons alors nous avoir la sensation de redevenir soudainement enfant, de ressentir et d’agir comme tel.  Nous pouvons alors eprouver la même vulnérabilité, la même frustration, la même colère, et la même insatisfaction que pendant note enfance, lorsque nous étions confrontés aux situations qui nous ont fait souffrir . autrement dit ces agissements représentent les différentes facettes de notreenfantintérieur, qui sommeillee en nous et qui se manfeste lors de situations ou d’évènements de la vie qui font echo à notre schémas. On distingue 4 modes enfants : enfant impulsif, enfant en colère, enfant vulnérable ou enfant heureux .

  1. L’enfant vulnérable : J’ai la sensation de revivre les mêmes souffrances émotionnelles que mon enfance. Ce que je traverse actuellement fait écho à la souffrance que j’ai pu vivre durant mon enfance. J’éprouve des émotions intenses, de désarroi, de tristesse et de solitude. Je me sens en détresse, vide, vulnérable, désespérée, indigne d’être aime ou accepté socialement. Je suis à nouveau cet enfant abandonné, délaissé, abusé, privé d’affection imparfait ou rejeté qui ne trouve pas de réponse à ses besoins de réconfort, d’empathie, d’affection, d’acceptation, de respect, de protection et de conseil.
  2. L’enfant en colère : Je suis furieux car mes besoins émotionnels fondamentaux ne sont pas satisfaits. J’agis de manière colérique sans me préoccuper des conséquences, car je me sens frustré, insatisfait, impatient, face à une situation que je considère comme inacceptable ou injuste.  Je peux me montrer virulent car le fait qu’on ne me puisse pas répondre à mes besoins et à mes demandes me met hors de moi. Je suis à nouveau cet enfant privé de ce dont il a besoin et ma colère est à la hauteur de ce que j’ai vécu, même si cela peut paraitre disproportionné vis-à-vis du contexte actuel.
  3. L’enfant impulsif : J’agis selon mes désirs et impulsions du moment, sans pouvoir me contrôler et réfléchir aux conséquences. Mon besoin d’assouvir mes désirs et mes impulsions est irréversible. J’ai du mal à accepter les gratifications différées et à tolérer les limites et les contraintes. Je n’arrive pas à me contrôler, car ma partie enfant n’a pas encore acquis le contrôle de soi, prend le dessus. J’ai du mal à me discipliner, je me fruste rapidement et j’agis sans retenus sans penser aux possibles conséquences néfastes pour moi-même ou pour les autres.
  4. L’enfant sain spontané : Je suis heureux car j’ai des sensations que tous mes besoins affectifs de base sont comblés. Je me sens comme un enfant aimé, en sécurité et compétent. Je peux donc exprimer naturellement ma gaieté mon engouement, ma spontanéité et être moi-même.  Je peux prendre du plaisir dans ce que je fais , faire preuve de curiosité et explorer mon environnement sereinement .

Les modes d’adaptation dysfonctionnels

Ils sont utilisés pour prévenir la détresse émotionnelle mais finissent par renforcer le schéma. Les mécanismes qui contribuent au maintien des schémas sont appelés les styles d’adaptation, Young décrit trois styles, selon qu’une personne met davantage en œuvre l’un ou l’autre de ces types de processus, elle vit différemment un schéma: elle capitule, fuit ou contre-attaque. La plupart des gens ont recours à un mélange de ces stratégies.

  1. La soumission/capitulation (mode conciliateur) : La personne pense, ressent et réagit selon son schéma. Elle juge incorrectement les gens et les circonstances de façon qui renforce les croyances reliées à son schéma. Elle crée des situations et choisit des relations qui entretiennent son schéma.
    Par exemple, la personne qui a le schéma d’imperfection trouve naturel de tolérer des gens qui la critiquent, ce qui maintient son schéma. Elle se comporte de telle sorte qu’on continue à la critiquer et à la déprécier. La personne qui a un schéma d’abandon trouve souvent naturel d’investir dans la relation avec un partenaire qui craint de s’engager.
  2. L’évitement/détachement (mode protecteur détaché)  : La personne évite de penser à des questions reliées au schéma et évite les situations qui peuvent activer le schéma et faire vivre des sentiments négatifs de tristesse, de honte, d’anxiété ou de colère. Elle est souvent inconsciente de l’existence de son schéma. Elle le nie. La personne avec un sentiment d’imperfection peut fuir l’intimité. La personne ayant le schéma d’échec peut fuir le travail, les études et les nouveaux projets. La personne avec un schéma de dépendance peut fuir les situations où elle doit faire preuve d’autonomie. Ces évitements empêchent de tester ses schémas et de les modifier graduellement.
  3. La compensation/contre-attaque : La personne pense et réagit de façon opposée à son schéma. Cependant ses comportements sont souvent trop extrêmes et contribuent à maintenir son schéma. Par exemple, la personne avec un schéma de carence affective peut tellement réclamer d’attention qu’elle éloigne les autres et se retrouve encore plus privée d’affection. Une personne peut développer un sentiment de supériorité qui est à l’opposé du sentiment d’imperfection vécu dans l’enfance. Elle peut consacrer beaucoup d’énergie à son prestige et à sa situation sociale et choisir ses relations de façon à se sentir supérieur. Cette contre-attaque empêche toutefois, entre autres, l’intimité

Les modes parentaux dysfonctionnels

Les modes parentaux dysfonctionnels sont des intériorisations de voix parentales critiques, exigeantes ou dures.

  1. Mode parent critique : J’adopte un discours qui se met une pression constante pour répondre à des attentes et des normes excessivement élevées. J’ai intériorisé par le biais du discours parental, que j’ai eu ou de mes expériences précoces que je devais être excessivement performant pour avoir de la valeur. J’ai la sensation que la seule façon de vivre correctement est d’etre parfait ou hautement capable (à la fois pour moi-même et pour les autres) d’atteindre un statut élevé et d’obtenir du prestige etc. Cependant les exigences sont si élevées qu’elles me mènent la vie dure , car elles me mettent une pression considérable et me donnent la sensation que ce n’est jamais suffisant, jamais assez.
  2. Le parent critique, punitif : Je me mets en colère contre moi-même. J’ai un discours interne dévalorisant et punitif envers moi-même ou les autres.J’ai intériorisé la voix d’une figure parentale critique ou punitive qui me jure durement. Je culpabilise d’avoir fait des erreurs, de ne pas être à la hauteur de ressentir certaines choses. Je suis dans une critique de moi excessive et je peux chercher à punir (moi-même ou les autres) lorsque les choses ne se passent pas comme elles devraient. Mes pensées et mes croyances peuvent entrainer des comportements de privation ou d’autodestruction.

Le mode adulte

La thérapie des schémas consiste à renforcer le mode. Le mode adulte sain représente votre moi sain et fonctionnel. Ce mode peut aider à réguler les autres modes en fixant des limites et en contrant les effets des autres modes.il permet de se libérer de son schéma. Cest une partie de soi qu’il est essentiel de renforcer pour prendre soin de soi et de son enfant intérieur.

Il a pour role

  • d’apaiser et de prendre soin de l’enfant vulnérable en validant ses ressentis et son vécu.
  • mettre des limites à l’enfant en colère et à l’enfant implusif
  • soutenir et encourggél’enfant heureux
  • adoucir le discours intenr du mode parent
  • faire preuve de compassion et d’accptation à l’egard de soi-meme

Ce mode sain nous aide donc à modifier nos pensées, nos croances et nos comportements et la manière dont nous gérons nos émotions en nous encourageant à nous investir dans les étapes suivantes

  • Réflexion sur soi  : il nous permet de prendre conscience que le mode et les stratégies dysfonctionelles ne sont pas aidantes et nous maintiennet prisonniers de notre shéma
  • Réevaluation : il nous permet aussi de prendre du recul, de changer de regard sur la situation et sur notre fonctionnement pour nouds aider à choisir un autre mode et d’autres stratégies plus fonctionelles.
  • Action : il nous engage à mettre en place des stratégies et des modes plus adaptés et plus sains afin de réactualiser positivement nos expériences

La thérapie des schemas en renforcant notre mode adulte sain nous permet d’assumer plus sereinement nos responsabilités d’adulte, de nous investir dans des activités agréables, de développer des ressources, de nous connecter à nos valeurs personnelles et de prendre confiance en nous.

Quels sont les avantages de la thérapie des schémas ?

Cette thérapie est souvent efficace pour traiter :

  • Pression au travail
  • Stress post traumatique
  • Troubles de l’alimentation
  • Comportement criminel
  • Anxiété
  • Abus de substance
  • Problèmes relationnels
  • Dépression chronique
  • Troubles de la personnalité

La thérapie des schémas s’est avérée particulièrement efficace dans le traitement de la personnalité limite (border-line). Elle est également utile dans le traitement de la personnalité pervers/narcissique.

Voici quelques avantages spécifiques de la thérapie des schémas :

  • Auto-compréhension : Avec une meilleure compréhension de soi, les personnes peuvent développer des relations plus saines avec les autres et atteindre leur potentiel dans la vie. La pzrsonne participe activement à l’exploration de ses propres schémas de pensées, d’actions et d’émotions.
  • Compréhension des différentes perspectives : La thérapie des schémas aide les individus à comprendre les différentes perspectives qu’ils ont dans différents contextes. Cette prise de conscience peut les aider à identifier quand d’autres essaient d’exercer un pouvoir, quand ils sont influencés par quelqu’un d’autre et comment ces interactions affectent leur comportement.
  • Autonomisation : La thérapie des schémas offre aux individus la possibilité d’être autonomes dans leur propre vie. Il ne s’agit pas de céder le contrôle à quelqu’un d’autre ou de céder le pouvoir à un expert ou à un professionnel. Au lieu de cela, ce type de thérapie permet à l’individu de prendre en charge sa vie.
  • Compétences relationnelles : les individus apprennent à communiquer avec eux-mêmes et avec les autres de manière plus efficace. Ils peuvent apprendre à mieux gérer les conflits et à résoudre les problèmes. Cela peut les aider à avoir des relations plus aimantes et épanouissantes.
  • Croyances fondamentales : Cette thérapie aide les individus à identifier les croyances fondamentales qui peuvent être destructrices pour leur vie, comme le perfectionnisme ou le fait de devoir plaire aux autres avant eux-mêmes.
  • Identification des forces/ressources : La thérapie des schémas aide les individus à identifier leurs propres forces et ressources, ce qui peut conduire à une confiance en soi et à une estime de soi accrues.
  • Empathie : La thérapie des schémas peut aider les clients à développer une plus grande empathie envers eux-mêmes et envers les autres, ce qui est essentiel pour des relations saines avec leur entourage familiale et professionnelle.

 

Cet article est issu du livre :
Jeffrey E. Young, Janet S. klosko et Marjorie E. Weishaar. (2006).
La thérapie des schémas : Approche cognitive des troubles de la personnalité.
DeBoeck Université.